dimanche 23 janvier 2011

ROLAND TOPOR

Dessinateur, peintre, auteur de centaines d'affiches et de couvertures de livres ou revues, romancier, dramaturge, poète, auteur de chansons, créateur d'émissions de télévision, scénographe, metteur en scène, acteur, "touche à tout" de génie. Né en 1938, mort en 1997.

Étudiant aux Beaux-Arts de Paris, Topor collabore au journal "Hara-Kiri" dont il partage le culte de l'humour noir, décapant et cynique mais aussi, dans une veine plus rose, au magazine "Elle".

En 1962, il fonda avec Fernando Arrabal, Oliver O. Olivier, Alexandro Jodorowsky, et Jacques Sternberg le groupe « Panique ».
Étudiant à l'École des beaux-arts de Paris, il collabora au journal « Hara-Kiri » dont il partageait le culte de l'humour noir, décapant et cynique mais aussi, il publia ses dessins satiriques dans la revue « Bizarre », ses croquis politiques dans « Libération », et aussi, dans une veine plus rose, il collabora au magazine « Elle ».

Il illustra de nombreux livres, écrivit des scénarios et dessina des planches pour des films d’animation ; « Les Temps Morts », « Les Escargots » et « Planète Sauvage » de René Laloux. Après plusieurs courts métrages, donc, il réalise en collaboration avec René Laloux, le long-métrage « La Planète Sauvage » qui obtient en 1973, le prix spécial du jury à Cannes.
Briseur d'idées reçues, humaniste, maître es dérision, virtuose de l'humour noir et de la pensée incorrecte. Son rire devint légendaire. En polonais « Topor » signifie "hache".

Fils du peintre et sculpteur Abram Topor, le jeune Roland passe ses premières années à Paris, dans le 10e arrondissement, rue Corbeau (aujourd'hui rue Jacques-Louvel-Tessier), puis en Savoie où ses parents, immigrés juifs polonais, se cachent de l'occupant nazi.

Comme acteur, il tient quelques rôles secondaires (« Celles qu'on n'a pas eues » de Pascal Thomas, « L'Araignée de satin », etc.) et joue dans le film de Werner Herzog, « Nosferatu, fantôme de la nuit », aux côtés d'Isabelle Adjani et de Klaus Kinski.

Toujours pour le cinéma, Topor réalise aussi beaucoup d'affiches ("Le Tambour" de Volker Schlöndorff, "L'Empire de la passion" de Oshima, "L'Ibis rouge" de Jean-Pierre Mocky).

La décennie 70 voit également son roman « Le Locataire Chimérique » connaître une brillante adaptation au cinéma par Roman Polanski (« Le Locataire », considéré comme l'un des meilleurs films du cinéaste). Il collabora avec Federico Fellini pour son « Casanova » : Roland Topor y dessina les images lors de la séquence de la « lanterne magique ».
Roland Topor travaille aussi avec son ami et complice Jean-Michel Ribes sur de nombreux projets. Ils écrivent ensemble pour la télévision "Merci Bernard" (1982-1984), puis "Palace" (1988) ; pour le théâtre "Batailles" (1983) ; pour le cinéma "La Galette du roi" (1985) ; ainsi que d'autres écrits inédits à ce jour, comme "Kignorje" ou "Le Chou de l'érudit".

Les illustrations éclatées de Topor attireront d'abord l'attention! Il illustrera ses propres livres, plusieurs de son ami et complice Jacques Sternberg, et d'autres... 
Le public s'attachera vite au personnage de Topor. Après avoir gagné le coeur et l'attention du public avec ses illustration, ses films, ensuite ses livres, Topor fera de plus en plus d'apparition publique!

Topor travaillera également pour la télévision sur la série pour enfants (démarrée en 1983) "Téléchat", réalisée par son ami intime, le Belge Henri Xhonneux. Succès immédiat de la série : 234 épisodes sont tournés. "À rebrousse-poil" (publié en 1987), co-écrit avec Xhonneux, relate le tour du monde qu'effectue Groucha (personnage principal de Téléchat) en 80 jours.

C'est avec Henri Xhonneux que Topor entreprend une adaptation de la vie du marquis de Sade en 1988, présentée au public l'année suivante, au moment de la célébration du bicentenaire de la Révolution Française. L'œuvre, uniquement interprétée par des acteurs en masques représentant des animaux (Marquis) déconcerta et la critique et les spectateurs. Le temps aidant, Marquis est aujourd'hui devenu un film culte.

Auteur de théâtre - "Vinci avait raison" (pièce qui déclencha un immense scandale en Belgique lors de sa création), "Joko fête son anniversaire", "L'Ambigu", ou encore "L'Hiver sous la Table" -, Topor travailla à plusieurs reprises avec son ami Jérôme Savary ("Les Aventures de Zartan", "De Moïse à Mao"), et signa en 1992 à la fois la mise en scène, les décors et les costumes de "Ubu roi" au théâtre national de Chaillot, à Paris.

À la fin de sa vie il préparait un projet concernant le retour d’Ubu au théâtre, voulant assurer la mise en scène de la pièce « Ubu Décongelé » de Félix Picard.

En 1992, Topor fonde, avec Giacomo Carioti et Jean-Louis Colas, l'association "ROMALIAISONPARIS", Societé de Libres Talents entre deux Capitaux, dont le but est l'amitié et la collaboration entre artistes francais et italiens. Topor en est le premier président et, pour elle, réalise en 1996 le symbole Pinocchio qui se fait Marameo, un croquis extraordinaire, dessiné lors du voyage à Rome, en novembre 1996, pour recevoir - sur invitation de Giacomo Carioti et Rinaldo Traini, manager d'Expocartoon - le prix "Une vie" pour l'illustration ; après sa mort, le dessin est devenu le symbole du prix Roland Topor, remis par ROMALIAISONPARIS.
Décédé à l'hôpital après un accident cardio-vasculaire à son domicile parisien, Roland Topor est enterré au cimetière du Montparnasse, dans la 14e division, en bordure de l'avenue du Nord. Sa tombe est à deux pas de celle de Paul Deschanel, président de la IIIe République française.

Il a été nommé, à titre posthume, satrape du "Collège de Pataphysique".
(À sa mort il faisait partie du Temple Invisible du "Pataphisicum Dedalus", avec d'autres artistes et écrivains comme Arrabal, Jean Daigle, Félix Picard, Real Mutt, Joe Nineti et d'autres...)

Roland Topor laisse une œuvre foisonnante, originale, dont le temps n'a pas émoussé la virulence.

Citations de Topor :
« Au lieu de discourir continuellement sur la violence, on ferait mieux de cogner. »
« Dieu voit tout, entend tout, confond tout. »
« Inutile de regarder en l'air, il n'existe aucun bar correct dans cette direction. »

BIBLIOGRAPHIE

ROMANS

1964 : Le Locataire chimérique
1967 : La Princesse Angine
1968 : Erika
1969 : Joko fête son anniversaire (roman et théâtre), prix des Deux Magots 1970
1969 : Un amour de téléphone (sous le pseudonyme d'Élisabeth Nerval)
1970 : Pop Rose (sous le pseudonyme de Maud Morel)
1971 : Épreuve par neuf (sous le pseudonyme de Laurent Taupor)
1975 : Mémoires d'un vieux con
1978 : Portrait en pied de Suzanne
1996 : Jachère Party


RECUEIL DE NOUVELLES

1967 : Four roses for Lucienne
1982 : Café Panique
1986 : La Plus Belle Paire de seins du monde
1988 : Taxi Stories
1989 : Journal in Time
1989 : Les Combles Parisiens
1997 : Made in Taïwan, copyright in Mexico

THÉÂTRE  :

1972 : Les derniers jours de solitude de Robinson Crusoé, 20 ans d'aventures et d'amour
1972 : Le Bébé de Monsieur Laurent
1975 : De Moïse à Mao, 5000 ans d'aventures
1989 : Joko fête son anniversaire (adaptation pour le théâtre)
1989 : Vinci avait raison
1989 : Fatidik et Opéra
1991 : Batailles, avec Jean-Michel Ribes
1994 : L'Hiver sous la table
1996 : L'Ambigu

RECUEIL DE DESSINS :

1960 : Les Masochistes
1961 : Topor, Anthologie
1965 : Panic
1965 : Dessins Panique
1972 : Un Monsieur tout esquinté (dessins de Roland et Nicolas Topor)
1974 : L'Epikon
1974 : Une vie à la gomme
1977 : Toporland
1985 : Topor (catalogue de l'Exposition de Munich)
1996 : Le Trésor des Dames
2010 : Rebonjour (chez United Dead Artists)

DIVERS :
Marcel Aymé "Oeuves romanesques", 6 tomes, illustrations de Roland Topor, Flammarion, 1977
"Palace", avec Jean-Michel Ribes (sketches télé)
"Merci Bernard", avec Jean-Michel Ribes (sketches)
"Le Sacré Livre" de Prouto (récit)
"Courts termes", avec Eddy Devolder (entretiens)
"L'Équation du bonheur", avec Henri Rubinstein (entretiens)
"À rebrousse-poil", avec Henri Xhonneux (échanges)
"La Cuisine cannibale" (recettes)
"Rumsteack morceaux" (poèmes et chansons)

DISCOGRAPHIE :
"Joséphine et les ombres" (conte lyrique pour enfants, musique de Reinhardt Wagner)
"François détexte Topor" (album de François Hadji-Lazaro sur des textes de Topor)
"Chantons z'enfants" (album de Max Rongier pour lequel Topor a donné des textes et des illustrations)
"Les Points sur les i" (album auto-produit par le groupe TOPOR d'attache en 2000 ; 17 textes de Roland Topor chantés par le comédien-chanteur Pasquale d'Inca)

CINÉMA ET TÉLÉVISION :

En qualité de scénariste et conception des décors/personnages

1965 : "Les Temps Morts", dessin animé avec René Laloux
1966 : "Les Escargots", dessin animé avec René Laloux
1967 : "Le Lapin de Noël", scénario avec Georges Dumoulin (émission TV Dim, Dam, Dom)
1971 : "Les Malheurs d'Alfred", scénario avec André Ruellan et Pierre Richard
1973 : "La Planète sauvage", réalisation René Laloux
1975 : "La Fille du garde-barrière", avec Jérôme Savary
1976 : "Le Casanova de Fellini" (Il Casanova di Federico Fellini) — Topor, créateur de la séquence de la « lanterne magique »
1977 : "L'Entreprise", court métrage pour le CNPF
1978 : "La Maladie de Hambourg", scénario écrit avec Peter Fleischmann (réalisateur) et Otto Jägerberg
1982 : "The Lucky Star", scénario du film de Max Fisher
1988 : "Marquis", coréalisation Henri Xhonneux
1996 : "Le Poète, sa muse", écriture d'une dizaine de pilotes d'une minute chacun pour la télévision
2010 : "L'orpheline avec en plus un bras en moins",scénario avec Jacques Richard

En qualité d'auteur de l'œuvre originale
1976 : "Le Locataire", film français réalisé par Roman Polanski d'après "Le Locataire chimérique".

Télévision
Téléchat
Le poète, sa muse
Participation à :
"Merci Bernard"
"Palace"

Radio
(Outre Des Papous dans la tête.)
1967 : En Suisse, dramatique
1972 : L'Auberge des colonels, pièce de théâtre
1975-1976 : Mémoires d'un vieux con, adaptation du roman éponyme pour l'émission Allegro

BIOGRAPHIES ET RECUEILS
Christophe Hubert, "Topor, l’homme élégant", Éditions Hermaphrodites, Paris, septembre 2004, illustrations en noir et blanc, 492 p. (ISBN 978-2-913-06300-6).


Recueil de textes de et sur Roland Topor

Frantz Vaillant, "Roland Topor ou le rire étranglé", Buchet-Chastel, Paris, mars 2007, 432 p. (ISBN 978-2-283-02253-5) [présentation en ligne].

Première biographie consacrée à Roland Topor

Daniel Colagrossi, "Topor traits", Éditions Scali, Paris, novembre 2007, broché, illustrations en noir et blanc, 365 p. (ISBN 978-2-35012-122-2).

Recueil de témoignages de proches de Roland Topor illustré par de nombreux documents la plupart jusqu'alors inédits

jeudi 20 janvier 2011

JACQUES STERNBERG (1923-2006)


Jacques Sternberg (Anvers, Belgique, 1923-Paris 2006). Il a publié de nombreux ouvrages (romans, nouvelles, chroniques, pièces de théâtre, anthologies, etc.) chez divers éditeurs : Le Terrain Vague / Éric Losfeld, Denoël, Planète, Calmann-Lévy, Christian Bourgois, Julliard, Marabout, Albin Michel…


Romancier, journaliste et scénariste. Jacques Sternberg est l'auteur d'une douzaine de romans et de quelque mille cinq cents contes et chroniques. Ses débuts littéraires sont marqués par son intérêt pour la science-fiction, pour laquelle il crée, en 1955, Le Petit Silence illustré, où il publie les textes de Gérard Klein, Philippe Curval, Alain Dorémieux ou encore Thomas Owen. Ses recherches dans ce domaine aboutiront en 1957 à une étude, Une succursale du fantastique nommée science-fiction, mais aussi à plusieurs recueils – de nouvelles, La Géométrie de l'impossible (1953), de contes brefs et macabres, Le Cœur froid (1971) –, au roman érotique Toi ma nuit (1980) ou encore au scénario du film d'Alain Resnais Je t'aime, je t'aime (1968), où le personnage principal est projeté dans son propre passé. Il dirige, dans les années 1960, aux éditions Julliard, la collection « Humour secret », et participe à la composition de nombreuses anthologies de la collection Planète (Les Chefs-d'œuvre de l'épouvante, du crime, etc.).


Jacques Sternberg par lui-même

« Il serait sans doute téméraire de prétendre que Sternberg est un écrivain incomparable, mais on peut en revanche affirmer que son itinéraire d'auteur n'est guère comparable à celui de ses confrères et contemporains. Peut-être parce que ce camé d'écriture est resté durant toute sa vie le cancre qu'il fut à l'école qu'il haïssait, incapable d'engranger des connaissances, enfermé à double tour dans sa lucidité d'ignorant imaginatif. Qui a toujours préféré l'effort physique à la réflexion intellectuelle, la course aux filles à la vaine recherche d'une métaphysique et les dérives consolantes aux servitudes du grand cross-country vers la réussite.

Cela donna une vie assez agitée malgré son sur-place dans l'espace et la pensée, une suite de dérapages provoqués par une constante confusion mentale et le refus de toute responsabilité sociale, avec comme nerf moteur une véritable soif d'écrire à travers tout, en état second le plus souvent, envolée exacerbée qu'aucun échec ou refus n'arriva jamais à contrer.

Ce qui se solda par un total de quarante livres publiés, ce qui peut impressionner. Mais ce chiffre n'est jamais qu'un leurre car l'œuvre complète de Sternberg ne le hissa pas jusqu'au niveau de la véritable renommée : la plupart de ses ouvrages - et particulièrement les plus déroutants, donc les plus originaux – ne trouvèrent qu'un public restreint et ne décrochèrent que très peu de critiques et le silence méprisant des pompeux exégètes des Lettres.

En réalité, à part Sophie, la mer et la nuit, suspense sentimental bien agencé qui rafla les honneurs de toute la presse, presque tous les livres de Sternberg firent leur bout de chemin secrètement, dans l'ombre, avec souvent une presse réduite à quelques vagues notules. Bilan de cette indifférence au gré de tellement d'années : avec quarante livres édités, Sternberg a atteint un tirage global inférieur à celui qu'atteignent avec un seul roman à succès bien des vedettes éphémères de la plume.

Il faut dire que les obsessions de choc de Sternberg sont justement celles qui rebutent le plus sûrement l'homo sapiens de nos régions hantées par le promotionnel : l'incurable nausée de la mort présente dans tous ses textes, l'allergie à la logique courante au profit d'une sournoise fascination pour l'absurde décapant, la conscience permanente de l'inutilité de toute entreprise humaine, le refus de croire à quoi que ce soit sur cette terre ou dans le néant et surtout : la trouille viscérale d'être enfermé dans ce piège planétaire qu'il dénonce en vain par l'humour et la dérision.


Ce qui lui aura permis de trimbaler ses fantasmes sur tout terrain, d'un genre littéraire à un autre, à l'exception de la poésie qu'il a toujours jugée ridicule : passant de la nouvelle de science-fiction au roman burlesque torrentiel, de la pièce de théâtre au scénario de cinéma, du pamphlet à l'autobiographie et de la chronique d'humeur à l'aphorisme, avec une prédilection pour le conte macabre ultra-bref – parfois réduit à une seule phrase – si bien qu'il en signa plus de mille, ce qui aurait dû au moins lui valoir les honneurs du Livre des records.

Sa passion des bribes et des flashes jetés, fulgurants, au vent se retrouve d'ailleurs dans presque tous ses romans si peu romanesques et surtout dans son Dictionnaire personnel, véritable mini-Larousse qu'il a concocté au gré des ans de 1947 à 1985.

Période qui coïncide avec une suite perpétuelle de refus et de hasards salvateurs, de hauts et de bas, de faillites et de contrats signés dans l'enthousiasme, souvent rompus malgré tout. En effet, Sternberg, s'il a toujours eu des fanatiques passionnés, aura surtout provoqué des allergies non moins passionnelles. Tout avait commencé par sept ans de refus chez tous les éditeurs, en particulier chez Gallimard, Julliard et au Seuil, errance qui s'explique par le fait qu'il n'a jamais réussi à convaincre une majorité au sein d'un comité de lecture traditionnel et qu'il n'a jamais été accepté que sur la décision d'un seul homme : Éric Losfeld et Christian Bourgois seuls maîtres à bord chez eux, Francis Esménard heureusement tout-puissant chez Albin Michel, Jean-Baptiste Baronian chez Marabout, Jérôme Lindon, contre l'avis de Robbe-Grillet ; aux éditions de Minuit. Pour la même raison, il fut toujours accueilli avec chaleur, dès le début des années 50, dans les milieux de la science-fiction où toute décision de publier ou de refuser appartient à un seul directeur de collection.

De plus, en 1956, Sternberg fut le premier auteur français à conquérir l'exigeante collection « Présence du Futur », s'affirmant comme un essuyeur de plâtres qui abandonna l'imaginaire galactique dix ans plus tard alors que cette littérature du XXe siècle allait enfin prendre son essor après mai 68. Peut-être que Sternberg aurait dû se contenter de faire une persévérante carrière d'auteur de S.F Il avait trouvé là un public de fanatiques du délire qu'il ne trouva jamais ailleurs.

De plus, comme il s'était toujours considéré comme une sorte d'idiot galactique et qu'il n'avait pas la moindre notion de futurologie, de sociologie, d'histoire, de scientisme ou de logique pure, il ne pouvait jeter sur papier que des idées parfaitement saugrenues que les auteurs intelligents et cultivés n'auraient jamais pensé à exploiter. Mais si la S.F. lui parut un surprenant tremplin pour jongler avec l'absurde, le macabre, l'humour agressif et le dégoût des systèmes planétaires, soudain il dévia des grands espaces pour rejoindre la réalité où il trouva autant de fantasmes à exploiter et de semences à cultiver. Et, finalement, L'Employé, Un jour ouvrable, Le Navigateur, Agathe et Béatriceéchappent à toute classification et sans doute n'auraient-ils jamais été écrits par un autre si Sternberg était resté dans les élucubrations de l'anticipation sous l'étiquette « science-fiction ».


Cela dit, ces faux romans, faits de dégringolades échevelées bien trop dérangeantes, ne pouvaient guère convaincre beaucoup de lecteurs et c'est malheureusement avec ses seuls romans sagement écrits, teintés d'un zeste de psycho et même d'un certain romantisme que Sternberg trouva un autre public, plus banal, plus vaste : Toi, ma nuit, Le Cœur froid et Sophie, la mer et la nuit.

Romans d'amour, certes, mais sincères car les femmes, la mer, le jazz, l'humour, la dérive dans les passionnettes auront été ses seules consolations, ses seuls remparts contre la hantise du rien, la fuite du temps, la certitude du ratage de tout humain. Autant de constantes sur lesquelles il a tissé beaucoup de variations, ce qui ne pouvait fasciner que quelques paumés et rebuter les 99% de la population active et crédulité.

Au fond, même si Jacques Sternberg juge qu'il a réussi à écrire ce qu'il voulait tout en demeurant un raté sur le plan social, on peut se dire aussi que c'est parfois par une suite de miracles qu'il a trouvé des éditeurs pour le publier. »


LES TEMPS MORTS (1964)


Bibliographie (extrait) :

* La Géométrie dans l'impossible, nouvelles (Arcanes, 1953). 
* Le Délit, roman (Plon, 1954).
* La Sortie est au fond de l'espace, roman (Denoël, 1956).
* Entre deux mondes incertains, nouvelles (Denoël, 1958). 
* L'Employé, roman (Minuit, 1958 ; « Espace Nord » n°52, 1989). 
* Un jour ouvrable, roman (Terrain vague, 1961 ; Néo, 1981). 
* La Banlieue, roman (Julliard 1961). 
* Toi, ma nuit, roman (Terrain vague, 1965). 
* Je t'aime, je t'aime, film d'Alain Resnais, scénario (Terrain vague, 1968). 
* C'est la guerre, monsieur Gruber, théâtre (Terrain vague, 1968). 
* Attention, planète habitée, roman (Terrain vague, 1970). 
* Univers zéro, nouvelles (Marabout, 1970). 
* Le Cœur froid, roman (Bourgois, 1970 ; « Folio » n°3452, 2000). 
* Futurs sans avenir (nouvelles, Robert Laffont, 1971, 1982). 
* Chroniques de France-Soir, chronique (Terrain vague, 1971). 
* Lettre aux gens malheureux, chronique (Terrain vague, 1972). 
* Dictionnaire du mépris (Calmann-Lévy, 1973). 
* À la dérive en dériveur, essai (Julliard, 1974).
* Lettre ouverte aux Terriens, essai (Albin Michel, 1974). 
* Sophie, la mer et la nuit, roman (Albin Michel, 1976). 
* Le Navigateur, roman (Albin Michel, 1976). 
* Mai 86, roman (Albin Michel, 1978). 
* Kris l'emballeur. Une soirée pas comme les autres, théâtre (Bourgois, 1979). 
* Agathe et Béatrice, Claire et Dorothée, roman (Albin Michel, 1979). 
* Suite pour Éveline, sweet Éveline, roman (Albin Michel, 1980). 
* L'Anonyme, roman (Albin Michel, 1982). 
* Dictionnaire des idées revues, essai (Denoël, 1985). 
* Les Variations Sternberg pour clavier de machine à écrire sur deux thèmes de lettre commerciales (Le Pré-aux-clercs, 1985). 
* Les Pensées (Le Cherche-Midi, 1986). 
* 188 contes à régler (Denoël, 1988 ; « Folio » n°3059, 1998). 
* Le Shlemihl, roman (Julliard, 1989). 
* Histoires à dormir sans vous (Denoël, 1990 ; « Folio » n°2496, 1993). 
* Histoires à mourir de vous (Denoël, 1991 ; « Folio » n°2699, 1995). 
* Contes griffus (Denoël, 1993). 
* Dieu, moi et les autres, contes (Denoël, 1995). 
* Si loin de nulle part, contes (Belles lettres, 1998). 
* Profession : mortel, fragment d"autobiographie (Belles lettres, 2001). 
* Œuvres choisies. Fin de siècle, Un jour ouvrable, La Banlieue, Le Délit (La Renaissance du livre, 2001). 
* 300 contes pour solde de tout compte(Manitoba / Belles lettres, 2002). 

samedi 8 janvier 2011

LISTES DES AUTEURS QUÉBÉCOIS

AUTEURS DU XXème SIÈCLE

1901-1910

- Simone Routier (1901-1987)
- Alfred DesRochers (1901-1978)
- Françoise Gaudet-Smet (1902-1986)
- Robert Choquette (1905-1991)
- Paul-Émile Borduas (1905-1960)
- Émile Legault (1906-1983)
- Hugh MacLennan (1907-1990)
- Gabrielle Roy (1909-1983)
- Gratien Gélinas (1909-1999)
- Rina Lasnier (1910-1997)

1911-1920
- Robert Charbonneau (1911-1967)
- Hector de St-Denys Garneau (1912-1943)
- Clément Marchand (1912-)
- Françoise Loranger (1913-1995)
- Marcel Gamache (1913-1995)
- Claire Martin (1914-)
- Felix Leclerc (1914-1988)
- Yves Thériault (1915-1983)
- Anne Hébert (1916-2000)
- André Giroux (1916-1977)
- Roger Duhamel (1916-1985)
- Roger Lemelin (1919-1992)
- Laurence Beaulieu-Beaudoin (1919-1996)
- Gérard Bessette (1920-2005)
- André Cailloux (1920-2002)
- Pierre Vadeboncoeur (1920-2010)
- Gilles Hénault (1920-1996)
- Pierre de Grandpré (1920-)

1921-1930
- Jacques Ferron (1921-1985)
- Louis-Edmond Hamelin (1923-)
- Janette Bertrand (1925-)
- Claude Gauvreau (1925-1971)
- Fernand Ouellet (1926-)
- Jean-Paul Desbiens (1927-2006)
- Wilfrid Lemoine (1927-2003)
- Fernand Dumont (1927-1997)
- Gaston Miron (1928-1996)
- Raymond Lévesque (1928-)
- Gilles Vigneault (1928-)
- Paul-Marie Lapointe (1929-)
- Roger Fournier (1929-)
- Hubert Aquin (1929-1977)
- Janou Saint-Denis (1930-2000)
- Alice Parizeau (1930-1990)
- Claude Jasmin (1930-)
- Fernand Ouellette (1930-)

1931-1940
- Mordecai Richler (1931-2001)
- Georges Dor (1931-2001)
- Guy Fournier (1931-)
- Lise Payette (1931-)
- Michel Cailloux (1931-)
- Jacques Languirand (1931-)
- Gilles Archambault (1933-)
- Jacques Godbout (1933-)
- Clémence DesRochers (1933-)
- Jacques Brault (1933-)
- Léandre Bergeron (1933-)
- Patrick Straram (1934-1988)
- Pierre Bourgault (1934-2003)
- Leonard Cohen (1934-)
- Alain Stanké (1934-)
- Denise Boucher (1935-)
- Suzanne Paradis (1936-)
- Roch Carrier (1937-)
- Michèle Lalonde (1937-)
- Jacques Poulin (1937-)
- Paule Noyart (1937-)
- Pierre Vallières (1938-1998)
- Jean Royer (1938-)
- Gérald Godin (1938-1994)
- Michel Garneau (1939-)
- Marie-Claire Blais (1939-)
- Émile Ollivier (1940-2002)
- Michel Vastel (1940-2008)
- Gilles Cyr (1940-)

1941-1950
- François Barcelo (1941-)
- Denise Bombardier (1941-)
- Réjean Ducharme (1941-)
- Hans-Jürgen Greif (1941-)
- Yves Beauchemin (1941-)
- Jean Marcel (1941-)
- André Brochu (1942-)
- Michel Tremblay (1942-)
- Claude Péloquin (1942-)
- Chantal Gevrey (1942-)
- Jean Simoneau (1943-)
- Nicole Brossard (1943-)
- Suzanne Jacob (1943-)
- Gil Courtemanche (1943-)
- Lise Blouin (1944-)
- Michel David (1944-2010)
- Denys Chabot (1945-)
- Marco Micone (1945-)
- Denise Desautels (1945-)
- Normand Lester (1945-)
- Victor-Lévy Beaulieu (1945-)
- Nicole Houde (1945-)
- Esther Croft (1945-)
- Yvon Rivard (1945-)
- Jacqueline Lessard (1945-)
- Pierre Nepveu (1946-)
- Jean-Yves Collette (1946-)
- Lise Vekeman (1947-)
- Robert Lalonde (1947-)
- Élisabeth Vonarburg (1947-)
- Jean-Jacques Pelletier (1947-)
- Trevor Ferguson (1947-)
- Nadine Decobert (1948-2008)
- Arlette Cousture (1948-)
- Monique LaRue (1948-)
- Francine Ruel (1948-)
- Esther Rochon (1948-)
- Évelyne Bernard (1948-)
- Bertrand Bergeron (1948-)
- Reine-Aimée Côté (1948-)
- Danielle Trussart (1948-)
- Hélène Rioux (1949-)
- Christiane Duchesne (1949-)
- Louise Dupré (1949-)
- Arlette Fortin (1949-2009)
- Alain Bergeron (1950-)
- Louise Simard (1950-)
- Louise Portal (1950-)
- Marie Laberge (1950-)
- Pierre Ouellet (1950-)

1951-1960
- Gervais Pomerleau (1952-)
- Monique Proulx (1952-)
- Michel Leclerc (1952-)
- Dany Laferrière (1953-)
- Denis Côté (1954-)
- Jean Lemieux (1954-)
- Gilles Pellerin (1954-)
- Christiane Frenette (1954-)
- Aki Shimazaki (1954-)
- Anne Robillard (1955-)
- Marie Uguay (1955-1981)
- Daniel Sernine (1955-)
- Neil Bissoondath (1955-)
- Louise Warren (1956-)
- Rober Racine (1956-)
- Andrée-Anne Gratton (1956-)
- Georges Lafontaine (1957-)
- Lise Tremblay (1957-)
- Elise Turcotte (1957-)
- Pierre Yergeau (1957-)
- Andrée A. Michaud (1957-)
- Joël Champetier (1957-)
- Robert Lepage (1957-)
- Jean-Marc Dalpé (1957-)
- Chrystine Brouillet (1958-)
- Gaétan Soucy (1958-)
- Fabienne Larouche (1958-)
- Guy Marchamps (1958-)
- Francine Pelletier (1959-)
- Louis Hamelin (1959-)
- Jean-Vincent Fournier (1960-)

1961-1970
- Anique Poitras (1961-)
- Michel Rabagliati (1961-)
- Félix Picard (1961-)
- Alain Beaulieu (1962-)
- Yann Martel (1963-)
- Henri-Michel Bourque (1963-)
- Natasha Beaulieu (1964-)
- Stanley Péan (1966-)
- Patrick Sénécal (1967-)
- Isabelle Larouche (1968-)
- Stéphane E. Roy (1968-)
- Bryan Perro (1968-)
- Wajdi Mouawad (1968-)
- Tony Tremblay (1968-)
- Louis Émond (1969-)
- Marie-Sissi Labrèche (1969-)
- Annie Groovie (1970-)
- Guillaume Vigneault (1970-)
- Stéphane Dompierre (1970-)

1971-1980
- Philippe Girard (1971-)
- Pierre Labrie (1972-)
- Roland Michel Tremblay (1972-)
- Martine Latulippe (1972-)
- Roxanne Bouchard (1972-)
- Nelly Arcan (1975-2009)
- Éric Gauthier (1975-)
- Jean-Simon DesRochers (1976-)
- Maryse Dubuc (1977-)
- Robert J Mailhot (1977-2010)
- Étienne Lalonde (1979-)
- Eglantine Castéran (1979-)

1981-1990
- Olivia Tapiero (1990-)
- Amy Lachapelle (1983-)
- Frédéric Dumont (1986-)

vendredi 7 janvier 2011

Littératures, Musique, Arts, Cinéma, etc...

Aujourd'hui 7 janvier 2011 : C'est le début d'une nouvelle aventure!

Littératures, Musique, Arts, Cinéma, etc...
Curiosités en Vrac...
Blabla et baratin...
Potinages, patati et patata...